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Methodology

French Theatre Calendar (1799-1804) a été conçu pour permettre d’effectuer des recherches multicritères (par auteur.e, par pièce, par date de représentation, par salle, quantitatives, etc.). Les chercheurs et les chercheuses s’intéressant à un ouvrage en particulier pourront naviguer la base de données par mots clés (titre, nom de l’auteur.e, nom de la salle, etc.) et trouver des informations sur la pièce, la date et la salle de la représentation, le numéro total de spectacles pendant la période considérée ainsi que d’autres précisions éventuellement mentionnées par les périodiques. D’autres recherches moins spécifiques par mots clés – comme par exemple « Jocrisse » ou « Arlequin » dans la section « titres », « Aude » dans la section « auteurs », etc. –, par indication générique, par salle, par date etc. sont également possibles.

La reconstitution du calendrier a été effectuée sur la base du dépouillement de la section « spectacles » des périodiques de l’époque. Les sources de référence primaire choisies sont les Affiches, Annonces et Avis divers et, ensuite, le Courrier des spectacles. Ces journaux offrent le panorama le plus exhaustif du point de vue de la programmation dramatique car ils présentent le plus grand nombre d’informations complémentaires (le genre, des notes sur la représentation et, parfois, le nom des auteurs) tout en mentionnant régulièrement la plupart des salles sans se limiter aux théâtres majeurs. On a également pris en considération deux autres sources. Le Journal de Paris, lequel est aussi assez exhaustif mais dont la section « spectacle » est publiée de façon irrégulière pendant les premiers mois de la période consulaire, et la Gazette nationale ou Le Moniteur universel, qui ne mentionne pas sur base journalière l’indication d’une programmation de toute façon limitée à une des salles principales et aux Théâtres Feydeau, de la Cité, du Vaudeville, du Marais. D’autres journaux tels que La Chronique de Paris, Le Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, La Décade philosophique et littéraire ou l’hebdomadaire Mercure de France publient bien des comptes-rendus des spectacles ou des éditions mais n’indiquent pas la programmation journalière, alors que des publications spécialisées comme par exemple L’Almanach des spectacles ne listent le répertoire des salles que sur base annuelle.

Les quatre périodiques choisis comme sources ont été dépouillés pour en tirer des indications qu’on a ensuite suite collationnées dans le but de rétablir le calendrier de la façon la plus exhaustive et fiable possible. On est pourtant conscients du fait qu’une reconstruction exacte demeure impossible. In primis, les journaux publient les annonces fournies par les professionnels du spectacle, qui peuvent ensuite changer leur programmation – par exemple, au lendemain du Coup d’État du 18 et 19 brumaire an VIII on monte illico des ouvrages de circonstance qui seront ensuite retirés de l’affiche d’après les indications de la censure ou de la police ou d’après des considérations d’opportunité. Encore, une représentation peut être annoncée et ensuite reportée pour de raisons multiples, ce qui explique parfois la réitération de la mention « première représ. » par rapport à une même pièce, dont on a essayé de rétablir la date véritable quand cela était possible. In secundis, il arrive que les sources se contredisent. Dans le cas d’erreurs manifestes, ou quand la collation a permis de rétablir l’indication prétendument correcte – notamment si la plupart des sources signalent la même pièce alors qu’un seul journal indique une variante –, on a publié l’information la plus indiquée. Dans les autres cas, on a signalé les variantes par rapport à l’indication des Affiches à l’aide du signe graphique *, précédé de l’indication de la source entre crochets. Prenons comme exemple la programmation du Théâtre des Troubadours du 15 novembre 1799. Les annonces des Affiches et du Courrier des spectacles divergent, le Moniteur ne mentionne pas la salle en objet, le Journal de Paris ne publie pas de section « spectacles » ce jour-là. Dans l’impossibilité de savoir quelle pièce figurait réellement sur l’affiche, on a signalé notre incertitude comme suit : « [Affiches] Grécourt » et « [Courrier] *Vadé à la Grenouillière ». De même, la programmation du Théâtre Français de la République du 28 mai 1800 apparaîtra comme suit : « [Affiches] Fénelon, ou les religieuses de Cambrai », « [Courrier] *Le Légataire universel », « [Courrier] *L'Avocat Patelin » « [Journal de Paris] *L'Honnête criminel, ou l’amour filial », [Journal de Paris] *Céphise, ou l’erreur de l’esprit ».

Une fois le calendrier établi, on a partiellement repris le système de catalogage adopté par Wicks et son équipe (cf. WICKS, 1950-1979) et présenté, pour toute pièce répertoriée, quelques informations fondamentales dont l’ortographe a été modernisée afin de simplifier les recherches :

- titre et sous-titre (si existant). Ces données ont été indiquées telles qu’elles apparaissent sur la page de titre de l’édition figurant dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France. Pour les ouvrages non imprimés, on a fait recours à des bibliographies ou à des sources complémentaires (cf. infra) ou maintenu les indications de la presse périodique ;

- nom et prénom de l’auteur.e. Dans le cas d’une composition à plusieurs mains, on a distingué le nom des dramaturges, des compositeurs et des chorégraphes en juxtaposant les mentions (paroles), (musique), (danse). Les auteurs de L’Opéra-comique figureront donc listés comme suit : « Ségur, Joseph-Alexandre; Dupaty, Emmanuel (paroles); Della Maria, Domenico (musique) » ;

- genre. Comme pour le titre, la mention générique a été signalée telle qu’elle est indiquée sur la page de titre de l’édition figurant dans le catalogue de la BnF, tout en signalant le flottement générique par un / entre deux mentions à l’époque souvent très proches et/ou alternativement adoptées dans les éditions. Pour les ouvrages inédits, on a fait recours aux sources complémentaires ou on a maintenu l’indication générique des périodiques en notifiant les informations douteuses par un [?], quitte à ne rien préciser là où elles étaient complètement absentes.

- nom du théâtre. De nombreux changements de gestion et d’intitulation caractérisent les années prises en considérations. Pour simplifier toute recherche, on a adopté le nom le plus courant et/ou le plus stable au net de toute autre intitulation accessoire – c’est le cas du « Théâtre Montansier » ou du « Théâtre de la Cité ». Dans le cas de salles gardant le même emplacement tout en changeant complètement d’intitulation, on a indiqué le seul nom de la rue – par exemple, le Théâtre des « Victoires », ensuite des « Victoires nationales », ensuite des « Variétés comiques et lyriques », ensuite des « Élèves du vaudeville » de la rue du Bacq figure sous la mention de « Théâtre de la rue du Bacq », ainsi qu’également indiqué par quelques périodiques. Pour le « Théâtre de la République et des Arts », par la suite rebaptisé « Théâtre de l’Opéra », on a gardé les deux intitulations en les séparant par un /– « Théâtre de la République et des Arts/Opéra » – pour que les chercheurs et les chercheuses ne soient pas obligé.e.s d’effectuer deux recherches séparées.

– date de la représentation. Elle a été indiquée d’après les deux calendriers (révolutionnaire et grégorien). Ainsi que déjà mentionné, les sources donnent parfois des informations contradictoires, qu’on a essayé de résoudre. Il n’existe pas de registres pour les salles mineures, mais les chercheurs.ses peuvent aussi confronter les données avec celles fournies par les registres des théâtres principaux tels l’Opéra, l’Opéra-Comique (https://gallica.bnf.fr/html/und/manuscrits/archives-de-lopera?mode=desktop) et la Comédie-Française (https://www.cfregisters.org/#!/).

Pour plus de complétude, on a ajouté à ces informations fondamentales d’autres renseignements figurant dans les périodiques. Dans l’impossibilité de signaler toute une masse de notes qui parfois se contredisent, à l’état présent on s’est limité à reproduire les indications des seules Affiches, quitte à implémenter la base de données par la suite. Ces notes fournissent des indications sur la programmation générale d’une salle (« Aujourd’hui, spectacle gratis », ou « Relâche pour la répétition général du Château du diable », ou « En attendant la 1e représ. de Boursault, ou la barbe de frère Jean, fait historique; et la 1e représ. du Procès des Scudéry, comédie », etc., cf. « periodical information ») ou sur une pièce spécifique (« 12e représ. », ou « Au bénéfice d’un artiste », etc., cf. « notes from the press »). Il faut aussi considérer que les journalistes peuvent notamment se tromper sur l’indication du numéro des représentations, ou donner une fausse indication par rapport à la date de création, dont on a essayé de rétablir la date exacte où cela était possible. Pour plus de clarté, on a fait la distinction entre la « création » d’une pièce nouvelle et la mention « première représ. », « première représ. à ce théâtre », « première de la reprise », à côté de laquelle on a souvent signalé la date et le lieu de la création tels qu’ils figurent dans le catalogue de la Bibliothèque nationale de France.

Enfin, on a inséré le lien (si existant) à une version numérisée du texte (Gallica ou Google Books).

L’établissement de ces informations indispensables s’est parfois avéré problématique. Cela surtout dans le cas  d’ouvrages inédits ou dont l’indication figurait de façon très (ou trop) lacunaire dans les sources, la section « spectacle » ne mentionnant que le titre ou qu’une partie du titre. Pour les pièces publiées et qu’on a pu identifier avec certitude – par exemple, « Cadet barbier » pour « Cadet Roussel, barbier à la fontaine des innocents » d’Aude –, l’attribution de la paternité ainsi que la mention de l’indication générique et des autres informations ont été établies sur la base du catalogue de la Bnf. Pour les pièces non imprimées ou dont l’indication du titre demeure insuffisante et/ou ambiguë dans le contexte – notamment, la seule indication « Jean Calas, tragédie » n’explicite pas s’il s’agît du texte de Chénier ou de celui de Laya –, on a fait recours aux informations publiées dans la presse (les comptes-rendus et l’indication du nom de l’auteur(e) éventuellement précisée dans la section « spectacles »), quitte à n’indiquer que le titre dans le cas d’identifications encore douteuses. Pour l’attribution de la paternité de l’ouvrage, on s’est basé sur les indications publiées dans les périodiques ou dans d’autres sources du XIXe siècle comme par exemple L’Almanach des muses, le Dictionnaire universel du théâtre en France (GOIZET 1867, qui répertorie aussi des ouvrages non imprimés), la Bibliothèque dramatique (SOLEINNE 1844) ; La France littéraire, ou dictionnaire bibliographique […] (QUERARD 1827-1839). On a également fait recours aux répertoires ayant rapport à la production dramatique en général (MONGLOND, 1930-1969 ; TISSIER, 1992-2002 ; KENNEDY ET AL. 1996 ; WICKS 1950-1979) ou à celle d’une salle en particulier (pour le Théâtre Français de la République, SIVITER 2020 ou les Registres de la Comédie-Française, https://www.cfregisters.org/#!/). Dans les cas douteux, on a signalé notre incertitude en insérant un point d’interrogation entre crochets à côté du nom de l’auteur et/ou de l’indication générique. Dans l’absence de toute information, on a préféré ne rien indiquer : c’est le cas de Jacquot, ou la marmotte assassinée, une pièce qui jouit d’une fortune remarquable au Théâtre des Jeunes Artistes tout au long de 1802 sans qu’à notre connaissance aucune source documentaire n’en fasse mention.

Paola Perazzolo